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séquences éventuelles que vous évoquez ? Les enfants désobéissent quelquefois « pour voir » ce qui adviendra. 7o Donnez-vous des ordres auxquels la nature même de l’enfant l’empêche d’obéir ? Grondez-vous, par exemple, constamment l’enfant qui se trouve à l’âge où l’on a un besoin absolu de mouvement ? À chaque instant, vous criez : « Tiens-toi donc tranquille » ; « Ne fais pas de bruit » ; « As-tu fini », etc., etc. Sachez que son système nerveux a autant besoin d’activité que son corps a besoin de nourriture. Vous feriez mieux de lui donner l’occasion de jouer ou d’être utilement actif.

II. Vous êtes-vous demandé ce qu’il faut faire pour mériter l’honneur que vous fait un petit enfant en vous obéissant ou. en ayant confiance en vous ?

« 1o Tenez-vous toujours vos promesses ? Pourquoi l’enfant aurait-il confiance en quelqu’un qui le trompe ? Et quand la confiance s’en va, l’obéissance s’en va également. Si l’enfant continue parfois à obéir, c’est parce que vous êtes plus grand et plus fort que lui. 2o Prenez-vous garde de ne pas favoriser l’un ou l’autre de vos enfants, de ne demander à chacun d’eux que ce que ses capacités lui permettent de faire et de donner à chacun suivant ses besoins particuliers ? 3o Vous gardez-vous de donner des ordres et de punir dans la colère ? La colère est contagieuse : si vous êtes furieux, il y a des chances pour que l’enfant le devienne ou soit terrorisé et fasse alors des choses qu’il ne ferait pas de sang-froid. 4o Donnez-vous quelquefois des ordres inutiles, simplement pour montrer votre autorité ? Un enfant sait très bien quand on abuse de l’autorité contre lui et se révolte. 5o Vous donnez-vous la peine de considérer les motifs des actions de l’enfant ou le punissez-vous simplement parce que son acte a des conséquences fâcheuses ? Exemple : Un enfant qui a fait une maladresse ou casse quelque chose en essayant de rendre service n’est pas méchant pour autant. 6o Exposez-vous l’enfant à des tentations auxquelles il peut difficilement résister à son âge ? Et si vous le punissez trop sévèrement, ne sera-t-il pas tenté de mentir pour échapper à la punition ? Si vous laissez traîner des choses dont vous savez qu’il a envie, n’est-ce pas être un peu trop exigeant que de s’attendre à ce qu’il ne les prenne pas ? Les parents doivent aider l’enfant à bien agir et non lui rendre facile de mal faire.

« III. Vous êtes-vous demandé pourquoi les enfants doivent obéir à leurs parents ?

« Il y a des parents qui obéissent à leurs enfants. Aussi ces enfants sont-ils habitués à penser que la vie leur donnera tout ce qu’ils demanderont. Et quand ils apprennent, à leurs dépens, que ce n’est pas le cas, cela leur est très dur… Il y a aussi des enfants qui obéissent trop bien. On ne leur permet ni de penser ni d’agir pour leur propre compte. Adultes, ils sont des hommes, des femmes incapables de se diriger eux-mêmes et ayant besoin toujours de quelqu’un qui leur dise ce qu’ils ont à faire. »

Les autres conseils de cette brochure ne sont pas moins précieux, mais, pour ne pas allonger démesurément notre étude, nous nous contenterons de glaner ceux qui nous paraîtront les plus utiles.

« Comment faut-il traiter les crises de colère chez l’enfant ? Le traitement doit être adapté à chaque enfant (chaque enfant est différent d’un autre). Il faut donc tenir compte de la cause des crises de colère. Si les crises sont causées par l’habitude qu’a l’enfant d’imposer sa volonté, cessez de la lui accomplir. Si c’est pour attirer l’attention sur lui, ne faites plus attention à ses crises. Par contre, essayez peut-être de faire attention à lui quand il fait quelque chose de bien. S’il a ses crises pour obtenir un avantage, cessez de lui accorder ces avantages. Si les crises sont dues à des causes physiques, comme manque de sommeil, manque d’exercice,

efforcez-vous de faire cesser ces causes. Si la cause est en vous-même il vous faudra évidemment du courage pour renoncer à vos propres mauvaises habitudes… Tâchez de contrôler vos colères et vos habitudes… »

« Comment pouvez-vous favoriser le développement intellectuel de vos enfants ?

« 1o Leur donnez-vous l’occasion de jouer avec des camarades de leur âge ?… Quand un enfant vit trop exclusivement avec des adultes qui le cajolent, il ne trouve pas dans cette société la stimulation dont il a besoin. Si ces adultes sont au contraire stricts et sévères, il prendra l’habitude d’une trop grande dépendance. S’il ne joue et ne se plaît qu’avec des enfants plus jeunes que lui, il n’aura pas assez de peine à se donner pour jouer un rôle important ; 2o Essayez-vous d’encourager leur sens d’initiative et de responsabilité ? On ne naît pas avec un sens de responsabilité. Donnez-leur l’habitude de tâches qui exigent du jugement et laissez-leur trouver tout seuls les moyens de s’en tirer. »

« Il faut aider l’enfant jaloux à surmonter la jalousie qui est une forme particulière d’égoïsme.

1o Apprenez-vous aux enfants à prêter leurs jouets et à respecter les droits des autres enfants ? 2o Les encouragez-vous à aimer et protéger leurs petits frères et sœurs ? 3o Ou bien, au contraire, trouvez-vous amusant qu’un enfant soit jaloux de son cadet. Essayez-vous de l’exciter à ce propos, de le mettre en colère ou de le faire pleurer en cajolant l’autre devant lui ? 4o Vous pouvez aussi stimuler la jalousie en vantant d’autres enfants devant les vôtres et en les citant constamment comme modèles, surtout si vos enfants ont déjà tendance à être jaloux. 5o Avez-vous des favoris et vous montrez-vous partial ? »

Voici quelques conseils donnés aux parents pour leur permettre « d’éviter les fautes les plus fréquentes :

« 1o Vous faites-vous des soucis exagérés à propos de la santé de vos enfants ?… 2o Dorlottez-vous excessivement vos enfants ?… 3o Vous empressez-vous de satisfaire les désirs de vos enfants tout simplement parce qu’ils veulent qu’il en soit ainsi ?… 4o Croyez-vous qu’on peut dire n’importe quoi aux enfants, leur raconter des mensonges, leur faire des menaces illusoires pour les amener à faire ce qu’ils doivent ? Mentir aux enfants est une chose très sérieuse. Il ne faudra pas vous étonner plus tard s’ils perdent leur confiance en vous ou s’ils mentent eux-mêmes. 5o Enlevez-vous toute initiative à vos enfants ? Comment voulez-vous alors que leur volonté se développe ? Comment apprendront-ils à décider les choses par eux-mêmes quand ils seront grands ? 6o Mettez-vous constamment des freins à l’activité de l’enfant ? Un enfant qui est arrêté à chaque instant par des observations, des ordres, des défenses, est un peu dans la situation d’un individu auquel on a lié les mains. Ce n’est pas en s’attachant les mains qu’on apprend à s’en servir. 7o Êtes-vous trop ambitieux pour vos enfants ?… 8o Êtes-vous trop raides, sévères, grondeurs avec vos enfants ? Repoussez-vous leurs confidences en leur disant de ne pas vous ennuyer avec leurs bêtises ? Et pourtant, leur esprit leur sentiment désirent que vous, parents, soyez un peu leurs camarades. Ils voudraient un papa qui soit aussi leur ami et une maman qui comprenne tout…

« Voici trois choses importantes à retenir :

« 1o Gardez votre sang-froid. 2o Le bon sens et la bonté sont les meilleurs facteurs de l’éducation. 3o Apprenez tous les jours davantage à être de bons parents. Ne pensez pas que vous savez tout ce qu’il faut pour cela : il y a toujours quelque chose à apprendre. Si l’on vous révèle une vérité un peu dure pour vous, parce qu’elle vous montre vos fautes d’éducation, ne permettez pas à votre vanité offensée de vous empêcher de devenir de meilleurs parents. »

Les auteurs, après avoir parlé de certaines anomalies