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Les Plaines du Penjaub

Tout occupé de batailles, d’intrigues politiques, tourmenté par l’insuffisance de son successeur, le Maharadja ne songea jamais à protéger les arts et son règne n’a laissé aucun monument remarquable dans sa ville de prédilection. À Lahore, comme à Agra, comme partout dans l’Indoustan, c’est la puissance de la fastueuse conquête moghole qui s’affirme par la pierre et le marbre.

Au-delà de la rivière Ravi, dans un jardin de cyprès, l’empereur Jehangir s’est fait enterrer. Sa tombe, abritée par un palais de granit rouge et lieu de pèlerinage fréquenté, rappelle le mausolée de son père Abkar, que le soleil des plaines de Fatehpur Sikri illumine et réchauffe. La royale munificence déployée dans les arabesques de rubis qui incrustent les parois de son sarcophage, célèbrent son impériale majesté, mais c’est sur une tombe dédaignée, celle d’Anakarli, « cette fleur de grenadier » qu’Abkar, jaloux, fit emmurer vivante, pour lui avoir souri, que Jehangir a fait graver l’épitaphe qui glorifie la tendresse de son cœur : « L’amoureux Salim inconsolable de la perte d’une beauté incomparable ».