Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/123

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La direction des grandes affaires a toujours présenté de très grandes difficultés ; pour s’en rendre compte il suffit de jeter un coup d’œil sur les charges aussi nombreuses que variées qui pèsent sur un grand chef d’entreprise. Ces difficultés sont inhérentes à la nature des choses et ont existé de tout temps. Mais ce qui n’a pas existé de tout temps, c’est le développement récent de l’industrie et la concentration industrielle qui augmentent considérablement la proportion des grandes affaires et font ressortir la pénurie des grands chefs.

En substituant une seule grande entreprise à un certain nombre de petites et de moyennes, la concentration industrielle produit divers effets qui concourent aux mêmes résultats :

1° Donnant naissance à do grands organisme elle fait appel à des hommes de plus grande envergure ((lie ceux dont on avait besoin auparavant ;

2° Pendant qu’elle crée le besoin d’hommes supérieurs elle fait disparaître un grand nombre d’affaires que l’on pouvait considérer comme des écoles d’apprentissage pour directeurs ; 3° Dans les affaires moyennes, les chefs de divers services s’initient par la force des choses, dans une certaine mesure, aux services voisins. Dans les très grandes affaires, chaque service est assez important pour absorber l’intelligence et le temps du chef et pour lui permettre d’arriver à un grade élevé où il termine fréquemment sa carrière. C’est encore un groupe d’hommes distingués enlevés à la pépinière des directeurs. Il n’est donc pas douteux que la concentration industrielle augmente le besoin des grands chefs et rend leur formation plus difficile.

A mon avis, l’enseignement technique supérieur pourrait être dirigé d’une manière beaucoup plus utile aux besoins de l’industrie qu’il no l’est actuellement.