Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous n’étes pas davantage préparés a conduire immédiatement un grand service technique. Aucun chef d’industrie ne commettra l’imprudence de vous confier immédiatement le fonçage d’un puits de mine, la conduite d’un haut fourneau ou d’un laminoir. Il faut d’abord que vous appreniez le métier que vous ne connaissez pas.

Comme la plupart de vos prédécesseurs, vous débuterez donc en qualité d’ingénieur en second ou dans des fonctions plus modestes.

On n’attend pas de vous un jugement mûr, une connaissance pratique des procédés techniques ni une vision étendue des mille détails qui touchent de plus ou moins près à votre fonction, mais on vous demande d’apporter, avec votro diplôme, de la réflexion, de la logique, de l’esprit d’observation, le dévouement dans l’accomplissement de votre tâche. Les notions théoriques que vous possédez vous permettront de vous assimiler rapidement les détails de n’importe quel genre de travail.

Votre avonir dépendra beaucoup de votre capacité technique, mais il dépendra plus encore de votre capacité administrative. Meme pour un débutant, savoir commander, prévoir, organiser et contrôler est le complément indispensable des connaissances techniques. On ne vous jugera pas sur ce que vous savez, mais sur vos œuvres.

L’ingénieur accomplit très peu de choses sans l’intervention des autres, mémo à ses débuts. Savoir manier les hommes est pour lui une nécessité immédiate. Vous aurez d’abord comme subordonnés directs des contremaîtres, anciens ouvriers pour la plupart, qui furent choisis parmi leurs camarades en raison de leur intelligence, de leur conduite et de leur aptitude au commandement. Ils ont l’expérience des ouvriers et celle de l’atelier qui vous manquent, et ils le savent bien. Ils savent aussi que vous êtes relativement très savant et ils ont pour la science un très sympa-