Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour faire une demande et ne peut s’exprimer. — Après ces réflexions, le roi fit donner mille pagodes[1] à cet homme qui les reçut sans quitter sa place ni prononcer une parole. Le roi lui dit alors : « Hé ! solliciteur, pourquoi ne parles-tu pas ? » — Le mendiant repartit : « C’est la honte qui retient ma langue. » — En entendant ces paroles, le roi lui fit donner (encore) mille pagodes, puis le questionna de nouveau : « Hé ! solliciteur, voilà qui est étonnant ! Si tu as quelque chose à dire, parle donc ! » Le mendiant répondit : « Grand roi, la gloire de ton ennemi ne sort pas de chez lui, elle ne se répand pas au dehors ; les savants la déclarent mauvaise. La tienne peut faire errer constamment des mortels dans le Pâtâla[2] ; les poètes la déclarent bonne. Voilà ce qui est étonnant. » — Le roi, à l’ouïe de ces paroles, lui fit donner cent mille pagodes. Alors le mendiant reprit : « Ô roi, je suis bien aise de t’apprendre que lorsque un roi, doué de qualités, garde son peuple de

  1. Hûna, pièce de monnaie valant 8 shillings, environ 10 francs.
  2. Séjour infernal.