Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à moi, que j’avais à ma disposition, je n’en ai pas profité ; je me suis livré aux mortifications en vue du bonheur du Svarga. En m’adonnant pendant si longtemps aux mortifications pour un bonheur d’une réalité douteuse, invisible, je n’ai fait que me tromper moi-même. Tous ces gens qui, à cause de l’être suprême, renonçant à jouir du bien-être présent afin de s’assurer le bien-être futur, se rasent, saupoudrent de cendres tous leurs membres, ne se couvrent que de haillons, sont eux-mêmes les artisans de leur malheur. Je ne chercherai plus d’éclat que dans ce monde. Quelles preuves a-t-on d’un bonheur futur ?

« Déchu de son yogisme par la conception de ces pensées matérialistes, le yogî, qui ne songeait plus qu’à se procurer les jouissances mondaines, alla se présenter devant le roi.

Le roi, voyant ce yogî, lui témoigna beaucoup de respect, s’inclina devant lui, et, désireux de connaître le motif de sa visite, lui dit : Hé ! yogî, pourquoi es-tu venu près de moi ? — Grand roi, répondit le yogî, voilà bien du temps que je me livre aux mortifications dans cette forêt. Aujourd’hui, la divi-