Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/277

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n’abandonnerai donc pas mon mari. Fais faire un bûcher, un amas de matières combustibles, et donne ordre qu’on le mette à ma disposition.

« À ces mots, le roi fut ému d’une compassion extrême et lui dit : Hé ! épouse fidèle, les vivants sont liés entre eux aussi longtemps que dure la vie. Tant que ton époux était en vie, il était ton mari, il y avait un lien entre toi et lui. Mais pourquoi vouloir quitter ton corps à cause d’un homme qui ne te touche plus (en aucune manière) ? quelle loi (t’y oblige) ? Voici donc ce que tu as à faire maintenant. Si tu n’as point de goût pour les objets extérieurs, réfugie-toi dans la loi du brahmacarya (chasteté) et rends un culte constant à Içvara. Si tu as du goût pour les jouissances, prends pour mari un homme de bien qui te plaise, et goûte ainsi les jouissances, le bien-être et le contentement parfait. Je te donnerai d’abondantes richesses, afin que tu n’éprouves de la douleur en aucune manière.

« L’épouse fidèle, ayant entendu les paroles du roi, répondit : Hé ! grand roi, je suis l’incarnation du devoir manifesté ; aussi mon œuvre propre n’est-elle que l’affermis-