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ALI, ou ALY-BEN-ABY-THALEB, cousin-germain et gendre de Mahomet, devait succéder à ce prophète ; mais, Abou-Bekr ayant été élu calife, il se retira dans l’Arabie. Son premier soin fut de faire un recueil de la doctrine de son beau-père, dans lequel il permettait beaucoup de choses que son rival avait proscrites. La douceur de sa morale disposa les esprits à lui donner le califat ; et, après le massacre du calife Othman, Aly fut mis à sa place, vers le milieu du viie siècle. Les Egyptiens, les Mecquois et les Médinois le reconnurent ; mais, un parti s’étant élevé contre lui, il fut assassiné l’an de J.-C. 600, après avoir remporté quelques victoires. Son meurtrier s’était dévoué à la Mecque, avec deux autres, pour assassiner les chefs de parti Aly, Moavia et Amrou. Les Persans suivent Aly, en maudissant Abou-Bekr, Omar, et les autres interprètes de l’Alcoran. Voy. Mahomet, Omar, etc.

* ALI, roi de Maroc,3e monarque Almoravide, succéda, en 1110, à son père Yusef ou Joseph. Il s’occupa d’abord à élever de superbes édifices, et fit bâtir la grande mosquée de Maroc. En 1113, il porta du secours aux Musulmans d’Espagne, et, après plusieurs campagnes insignifiantes, il livra, en 1115, contre Alfonse d’Aragon, une grande bataille où il fut vaincu et tué. Moins guerrier que son père qui avait fait plusieurs conquêtes en Espagne, Ali aimait les sciences. Il fit former, par une société de savants arabes, le recueil des ouvrages d’Avicenne, tel qu’il est parvenu jusqu’à nous.

* ALI-BEY, chef des Mameloucks, naquit vers 1728, dans le pays des Abazes, ou Abares, voisin du Caucase. Amené au Caire comme esclave à l’âge de 12 ou 14 ans, il fut vendu à Ibrahim-Kiaya, chef vétéran de janissaires, qui parvint en 1746 à s’emparer de l’autorité, et à soustraire l’Égypte à l’obéissance de la Porte ottomane. Ali-Bey se fit remarquer dans tous les exercices des jeunes Mameloucks ; il fut affranchi à l’âge de 20 ans, se maria, et fut bientôt mis au rang des vingt-quatre beys qui gouvernaient l’Égypte. À la mort de son protecteur Ibrahim, en 1757, il conçut les projets les plus hardis. Mais ses ennemis parvinrent à le faire exiler dans le Saïd, ou haute Égypte, où il resta deux ans. En 1766, employant à la fois la force et l’adresse, après avoir tué 4 beys ses ennemis, et chassé le pacha, il parvint à s’emparer du rang suprême, et refusa le tribut à la Porte, qui, occupée de la guerre contre les Russes, fut obligée de temporiser. Ali-Bey fit quelques conquêtes. Par ses ordres une flotte sortie de Suez prit possession de Djedda, port de la Mecque, tandis qu’un corps de cavalerie commandé par son favori et son fils adoptif, Mohammed-Bey, occupait et pillait la Mecque même. Bientôt il forma le projet de conquérir la Syrie et la Palestine ; déjà l’armée égyptienne commandée par Mohammed, et réunie aux troupes du fameux scheik Dàher, révolté contre la Porte, avait remporté une victoire sur les pachas turcs, lorsque Mohammed, gagné par le pacha de Damas, retourna tout-à-coup en Egypgte, et pour échapper à la vengeance d’Ali, s’eufuit dans le Saïd, j d’où il revint bientôt avec un fort parti. Ali-Bey, défait dans une escarmouche, se retira avec ses Ma-


meloucks, qui lui étaient restés fidèles, auprès du scheik Dàher, son ancien allié, avec lequel il obtint quelques succès contre les Turcs. Bientôt séduit par l’espérance de ressaisir la domination, et pressé par ses partisans de revenir en Égypte, il marcha sur le Caire avec ses Mameloucks et 1500 Jaffadiens. Mais attaqué à l’improviste, dans le désert qui sépare Gaza de l’Égypte, par un corps de mille cavaliers d’élite, il fut blessé et fait prisonnier. Conduit devant Mohammed, celui-ci reçut son ancien maître avec toutes les marques du respect. Mais Ali mourut trois jours après, de poison, ou des suites de sa blessure. Ali-Bey avait conçu la pensée de rappeler le commerce de l’Europe avec l’Asie à l’ancienne route de la mer Rouge et de la Méditerranée, et de faire de Djedda l’entrepôt du commerce de l’Inde.

* ALI-EFFENDI, né à Philippopolis, ville de Bulgarie, florissait sous le règne de Sélim Ier(1511-20) ; il fut secrétaire de la trésorerie sous le defterdar Fuher-Pacha, et composa une Histoire assez estimée des quatre sultans Mahomet II, Bajazet II, Sélim Ieret Soliman II. Cet ouvrage, très-rare aujourd’hui, se fait surtout remarquer par l’impartialité avec laquelle il est écrit, et par un ton de modération envers les chrétiens, que l’on ne trouve guère chez les historiens mahométans.

ALI-BEY, appelé aussi CASTILLO. Voy. BADIA-Y-LEBLICH.

* ALI-BEY ou ALI-BEIGH, premier drogman du sultan Mahomet IV, était né en Pologne, au commencement du xviie siècle ; son nom était Bobrowski. Enlevé très-jeune par les Tartares, il fut vendu à des Turcs qui le portèrent au sérail du Grand-Seigneur, où il resta jusqu’à l’âge de 20 ans. Nommé interprète de la Porte, après un voyage en Égypte, il se voua à l’étude des langues. On assure qu’il en apprit dix-sept. Ali-Bey, forcé de professer la religion des Musulmans, demeura toujours secrètement dévoue aux chrétiens. Il se proposait même de rentrer dans le sein de l’Eglise, et il voulait passer en Angleterre, pour exécuter ce projet. Mais la mort ne lui permit pas de le réaliser. Ali a laissé des mémoires en latin sur la Liturgie des Turcs, sur les pèlerinages à la Mecque, etc. ; Grammaire turque, un dictionnaire turc, une traduction de la Bible dans la même langue, etc. Il mourut en 1675.

* ALI-PACHA, capitan-pacha sous Sélim II, se rendit célèbre dans la marine turque. Investi du commandement de la flotte ottomane, dans la guerre qui éclata entre les Turcs et les Vénitiens, il s’empara, en 1570, ( l’an 978 de l’hégyre), de l’ile de Chypre, et prit successivement Candie, Zante et Céphalonie, îles qui appartenaient aux Vénitiens ; Dulcigno, Antivari et Budoa en Dalmatie, tombèrent également en son pouvoir. Il ne fut pas aussi heureux devant Cattaro. Les princes chrétiens s’étant ligués contre les Turcs, Ali-Pacha, à la tête d’une flotte de 280 galères, ravagea les côtes de l’Adriatique et porta la terreur dans Venise. De retour dans le golfe de Lépante, il apprend que la flotte chrétienne commandée par don Juan d’Autriche s’avance contre lui. Aussitôt, malgré l’avis de ses lieutenants, il sort du golfe avec toute sa flotte, dans l’intention de livrer le combat, et