Page:Feller - Dictionnaire historique - 1797 - T01, plus Vie.djvu/505

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imputa, la manière dont il abandonna Hermias dans ses disgrâces, ses jalousies contre Speusippe, ses animosités contre Xénocrate, les troubles qu’il fomenta dans la cour de Philippe et d’Alexandre-le-Grand ; enfin sa perfidie envers ce même Alexandre, son bienfaiteur, découvre assez quel était le fond de son cœur. Xiphilin nous apprend que l’empereur Caracalla fit brûler tous les livres de ce chef des Péripatéticiens, en haine du conseil détestable qu’il avait donné à Antipater, d’empoisonner Alexandre. Il prétendait que Dieu était sujet aux lois de la nature, sans prévoyance, sourd et aveugle pour tout ce qui regarde les hommes ; croyait le monde éternel, et, selon l’opinion commune de ses commentateurs, l’âme mortelle. Il tourna en ridicule ceux qui voulurent ramener les hommes à la croyante d’un seul Dieu, disant que cette manière de penser était, il est vrai, d’un sage et d’un homme de bien, mais qu’elle manquait de prudence, puisqu’en agissant ainsi, ils nuisaient à leurs propres intérêts, et s’exposaient au ressentiment des polythéistes. Belle morale, et digne d’un chef des philosophes. (Voyez PLATON, STILPON). Si nous en croyons Diogène Laërte, sa mort fut semblable à sa vie ; il s’empoisonna, pour se soustraire à la colère de Médon. Mais S. Grégoire de Nazianze, S. Justin et d’autres écrivains, disent qu’il se précipita dans l’Euripe. Il laissa, de Pythaïs, une fille, qui fut mariée à un petit-fils de Demaratus, roi de Lacédémone. Il avoit eu d’une autre concubine un fils, nommé Nicomachus, comme son aïeul, c’est à lui qu’il adressa ses livres de Morale. Le sort d’Aristote, après sa mort, n’a pas été moins singulier que durant sa vie. Il a été long-tems le seul oracle des écoles ; et on l’a trop dédaigné ensuite. Le nombre de ses commentateurs, anciens et modernes, prouve le succès de ses ouvrages. Quant aux variations que sa mémoire a éprouvées, elles lui sont communes avec tous les fondateurs des sectes philosophiques, et tiennent autant aux caprices de la postérité qu’à la nature des systèmes enseignés. Diogène Laërte rapporte quelques-unes de ses sentences qui n’ont rien de bien extraordinaire, et dont quelques unes sont outrées ou fausses, d’autres trop recherchées. « Les sciences ont des racines amères, mais les fruits en sont doux… L’amitié est comme l’âme de deux corps : Il y a la même différence entre un savant et un ignorant, qu’entre un homme vivant et un cadavre… L’amitié est comme l’ame de deux corps… Il n’y a rien qui vieillisse sitôt qu’un bienfait… L’espérance est le songe d’un homme éveillé…Soyons amis de Socrate et de Platon, et encore plus de la vérité… Les lettres servent d’ornement dans la prospérité, et de consolation dans l’adversité. » Aristote confia, en mourant, ses écrits à Théophraste, son disciple et, son successeur dans le Lycée ; mais ils ne sont pas parvenus en entier et sans altération jusqu’à nous. (Voy. APELLICON.) Les