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Vous nous offrez à peine une onde salutaire :
Expliquez-moi plutôt les nouveaux sentimens
Qui calment l’horreur de mes sens.
Quoi ! ces tristes déserts, ces arides montagnes,
L’aspect affreux de ces campagnes,
Devraient-ils inspirer de si doux mouvemens ?
Ah ! sans doute l’Amour y fait briller encore
Un rayon de ce feu que ressentit pour Laure
Le plus fidèle des amans.
Pétrarque auprès de vous soupira son martyre :
Pétrarque y chantait sur sa lyre
Sa flamme et ses tendres souhaits ;
Et tandis que les cris d’une amante trahie,
Ou la voix de la perfidie
Fatiguent nos coteaux, remplissent nos forêts,
Du sein de vos grottes profondes
L’écho ne répondit jamais
Qu’aux accens d’un amour aussi pur que vos ondes.
Trop heureux les amans l’un de l’autre enchantés,
Qui sur ces rochers écartés
Feraient revivre encor cette tendresse extrême ;
Et dans une douce langueur.
Oubliés des humains qu’ils oubliaient de même,
Suffiraient seuls à leur bonheur.