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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/155

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TÉLÉMAQUE.

sa gloire. C’est à son jeune roi qu’elle doit tant de prospérités.

Narbal gouverne sous lui. Ô Télémaque, s’il vous voyait maintenant, avec quelle joie vous comblerait-il de présents ! Quel plaisir serait-ce pour lui de vous renvoyer magnifiquement dans votre patrie ! Ne suis-je pas heureux de faire ce qu’il voudrait pouvoir faire lui-même, et d’aller dans l’île d’Ithaque mettre sur le trône le fils d’Ulysse, afin qu’il y règne aussi sagement que Baléazar règne à Tyr ?

Après qu’Adoam eut parlé ainsi, Télémaque, charmé de l’histoire que ce Phénicien venait de raconter, et plus encore des marques d’amitié qu’il en recevait dans son malheur, l’embrassa tendrement. Ensuite Adoam lui demanda par quelle aventure il était entré dans l’île de Calypso. Télémaque lui fit à son tour l’histoire de son départ de Tyr ; de son passage dans l’île de Chypre ; de la manière dont il avait retrouvé Mentor ; de leur voyage en Crète ; des jeux publics pour l’élection d’un roi après la fuite d’Idoménée ; de la colère de Vénus ; de leur naufrage ; du plaisir avec lequel Calypso les avait reçus ; de la jalousie de cette déesse contre une de ses nymphes ; et de l’action de Mentor, qui avait jeté son ami dans la mer, dès qu’il vit le vaisseau phénicien.

Après ces entretiens, Adoam fit servir un magnifique repas ; et pour témoigner une plus grande joie, il rassembla tous les plaisirs dont on pouvait jouir. Pendant le repas, qui fut servi par de jeunes Phéniciens vêtus de blanc et couronnés de fleurs, on brûla les plus exquis parfums de l’Orient. Tous les bancs de rameurs étaient pleins de joueurs de flûte. Achitoas les interrompait de temps en temps par les doux accords de sa voix et de sa lyre, dignes d’être entendus à la table des dieux, et de ravir les oreilles d’Apollon