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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/211

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TÉLÉMAQUE.

ce feu prêt à éclater. Que tardons-nous, dit-il, à conclure cette sainte alliance, dont les dieux seront les témoins et les défenseurs ? Qu’ils la vengent, si jamais quelque impie ose la violer ; et que tous les maux horribles de la guerre, loin d’accabler les peuples fidèles et innocents, retombent sur la tête parjure et exécrable de l’ambitieux qui foulera aux pieds les droits sacrés de cette alliance. Qu’il soit détesté des dieux et des hommes ; qu’il ne jouisse jamais du fruit de sa perfidie ; que les Furies infernales, sous les figures les plus hideuses, viennent exciter sa rage et son désespoir ; qu’il tombe mort sans aucune espérance de sépulture ; que son corps soit la proie des chiens et des vautours ; et qu’il soit aux enfers, dans le profond abîme du Tartare, tourmenté à jamais plus rigoureusement que Tantale, Ixion, et les Danaïdes ! Mais plutôt que cette paix soit inébranlable comme les rochers d’Atlas qui soutient le ciel ; que tous les peuples la révèrent, et goûtent ses fruits, de génération en génération ; que les noms de ceux qui l’auront jurée soient avec amour et vénération dans la bouche de nos derniers neveux ; que cette paix, fondée sur la justice et sur la bonne foi, soit le modèle de toutes les paix qui se feront à l’avenir chez toutes les nations de la terre, et que tous les peuples qui voudront se rendre heureux en se réunissant songent à imiter les peuples de l’Hespérie !

À ces paroles, Idoménée et les autres rois jurent la paix, aux conditions marquées. On donne de part et d’autre douze otages. Télémaque veut être du nombre des otages donnés par Idoménée ; mais on ne peut consentir que Mentor en soit, parce que les alliés veulent qu’il demeure auprès d’idoménée, pour répondre de sa conduite et de celle de ses conseillers jusqu’à l’entière exécution des choses promises. On immola, entre la ville et l’armée ennemie, cent