Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/110

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92 saaasriaiv CASTELLION· . récit à un bon père que j’avais, bon s`il en futjamais et l1omme · fort catholique et craignant Dieu, qui ayant veu brusle1· en sajeunesse un régent sur le bord de la riviere d’Agen (nommé Vindocin), et luy et plusieurs autres restèrent tout esperdus d’un tel spectacle non jamais veu en cette ville la g ne pouvant croire que celuy qui, mourant, ne parlait que de Jésus-Christ, · n’invoquait que Jésus-Christ, ne fast condamné à tort ‘. » Combien plus vive dut être l’impression chez un jeune homme si préparé ât la recevoir! Il lui arriva comme à plus d’un parmi ses aînés : il n’eut plus de repos qu’il n’eût fait acte d’honnele homme, dirions-nous, de chrétien sincère, disait-il, en sacrifiant tous les devoirs à ce devoir supreme, de rendre témoignage au pur Evangile. L`exemple de ces l)&LlVl‘CS g6HS, OllV1`lCl‘S, li|.DOlll`OLlI‘S, à1I‘tlS3l]S, lll8ll.l`CS (llÉCOl€, qui au prix de leur sang essayent de régénérer l’Eglise, l`ar— racl1e violemment aux doux soucis des lettres. Homère lui- même, son Homère qui « était POllI‘ lui comme un Dieu >>, il ne se sent plus le droit de s’y absorber délicieusement; qlltllqllû chose (lt} I`lO\lVC£1ll est î1}')})£lI‘tl (lîlllS S3. vie COIDIIIO dans le monde. Tout a coup il s’aperçoit — c’est lui-même qui nous l’apprendra plus tard —— de ce qui manque it ces esprits déliés et délicats qn’il admirait naguère sans reserve; il trouve le mot qui les peint : la vanité. Pleins de leur science, ils n’ont que mépris pour la multitude : « A peine, dit—il, traitent-ils comme des hommes les ignorants ’ ». On aime it entendre ainsi parler ce lils de paysan qui reparait sous l’helléniste. ll semble qu’il se réveille et se rappelle sou- daiu les hommes, son village, la vie réelle et ses véritables ` obligations. L’Evangile ât prêcher, l’avenen1ent du 1·egne de l. Florimond de ltémonil, p. S66. — On peut lire le récit détaillé d'une de ces scènes dont Félix Plater fut témoin a Montpellier. C'est un « tondeur de drap n qui d'ahord avait faibli, et que l'exemple du martyre d`un de ses compagnons pousse à venir réclamer lui- même lc supplice, tandis qu'un autre, personnage de qualité, se rétrncte et shgenouille devant ln mndone. (lljémoircs de Félix Plater, p. 56-69.)- Un trait tout semblable est raconté dans l’Hist. des martyrs a cette·même annee 15îO : un laboureur, Etienne Brun, relâché une première fois après avoir abjurè, ne pardonne pas à « sa chair » d`avoir faibli : « elle n’en eschappera pas, dit-il, si derechef je suis prins, uins paiera l'inlerest de son perjure ». Il se tint parole, résiste cette fois ii tout, même ii la vue de sa femme et de ses cinq enfants, et expira après d`atroces souffrances? 2. Seb. Castellionis de/`ensio, p. 362. Voir aussi p. 409 et la préface de sa traduction d’H0mère. _