Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/162

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144 snBAsrn1N eixsrnnnien. 4 chaos des enseignements qui s’y débitaient; et substituer une langue a un jargon, une littérature a une scolastique, c’est- fr-dire l’expression naturelle de la pensée humaine au stupide mécanisme des formules- qui_dispensaient de penser. C’est par ce double et salutaire effort que se ressemblent, d’un bout al’autre de l’Europe, toutes les écoles inspirées de Sturm, comme il l’était lui-meme de ses maîtres, les Freres de la vie commune. Mais Sturm ne pouvait s`en tenir it ces indi- cations générales et en quelque sorte philosophiques. Il fallait traduire ces principes en systeme, en reglement scolaire, en plan d’études, en programmes et en manuels d`enseigne— ment: c`est la naturellement que devaient apparaître les lacunes et les exagérations. Humanistc et, pourquoi ne pas le dire? cicéronien fervent, Sturm ne voit dans l`édueation que les lettres, dans les lettres que l’éloquence et dans l’élo- quence que Cicéron. Il en résultera que so11 programme pédagogique, si large, si neuf, si vivant, quand nous le com- parons ai celui du moyen age, est cependant artificiel et t1·on- qué, si nous le comparons fr la natu1·e humaine. Il ne répond ni a la diversité des facultés, ni ài la complexité des choses. C’est ce que, d’instinct et pa1· une so1·te de p1·emier mouve- ment du bon sens populaire, on semble avoir compris a Geneve dans ces premieres annéesdu nouveau college. - On y adopte le double principe de Sturm, mais avec des tempéraments au point de vue de l70l'gî|.|llSi1lllOll pédagogique; on classe bien les eleves par groupes gradues comme il le conseille, mais sans calquer, comme il le fait, — comme on le fera plus tard it Geneve mème, — la division des classes sur une prétendue division des qualités du discours ‘. , Castellion, comme Saunier, se contente de répartir les eleves en trois ou quatre classes suivant leu1· nombre. D’ail- · leurs, chose aussi 1·are qu’elle semble natu1·elle, il s’attachc a assurer de bons commencements. C’est sur les éléments que le programme insiste, comme si l’on en attendait la prospérité du college 2 l’établissement grandira avec les · eleves. En attendant, il n’a longtemps qu’une section élé- mentaire, avec un plan diétudes dont les familles apprécient L Schmidt, Vie de Sturm, ‘2S5.