Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/189

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~ LES « imtnocuris sixcims ». 171 seur, soncahier de classe imprimé longtemps après. Ren- seignement précieux qui nous fait en quelque sorte assister a ses lecons, avec cette différence sans doute qu’elles étaient en 1543 moins amères et moins assombries que_ne le sont ces notes imprimées vingt ans plus tard, at une époque où de toutes les espérances qui avaient salué la premiere heure de la Réforme les plus belles s’étaient évanouies. Tels que nous arrivent les quatre livres de Dialogues sacrés avec tout leur appareil de sommaires et de notes, une impression générale s`en dégage, celle qui devait le plus profondément pénétrer ai leur insu les élèves soumis Et cette discipline éducative. Les hommes de bien, les partisans de la vérité, les « enfants de Dieu ~>, les justes sont une 1nino— rité; être du côté du petit 110IHl)1`C,_ll,î1VOl1‘ pas pour soi l’appui de la foule ni celui des grands et des riches, ni celui des savants, c’est presque le signe qu’on a 1·aison. L’histoire sainte fournissait de nombreux exemples propres ai faire entrer les enfants dans ce sentiment : l’autcur ne se lasse pas d’en user; c’est en quelque sorte le paradoxe initial auquel il veut plier et l’esprit et l’imagination et le cœur. II. écrit évi- demment pour des enfants qui pourront se trouver isolés et méconnus, protestants au sein d’une population catholique, hétérodoxes au milieu de calvinistes ou de luthériens intrai- tables; il a souci de les aguerrir avant tout contre une pre- miere impression d’étonnement ou d’el`l`roi. L’histoire sainte a la main, il exerce la conscience at se raidir en quelque sorte spontanément contre l`exemple du nombre, contre l’autorité du chef, contre la majesté de la tradition, cont1·e l’entrainement des passions régnantes. Il les fait vivre de bonne heure dans un monde ou Dieu est toujours du côté du faible et du vaincu. Plusieurs sententizv finales n`ont pas d’autre objet que de la leur faire remarquer 1 « La plupart des hommes pensent qu’il faut suivre la multitude; les amis de la vérité obéissent at la vérité et non it la multi- ttltlê » 1. Parfois le sentiment, au lieu de s`enfermer en un bref 1. Liv. ll, Dixit. Jlicheas.