Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/313

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<< MOSES LATINUS. » , 995 iles premieres années, et son programme celui qu’expose cette préface de 1546. ll a remarqué, dit—il, chez beaucoup de lettrés une certaine froideur pour la lecture des livres saints. La cause en est non pas dans ces livres, mais dans la maniere dont ils sont tra- duits. La plupart des versions de la Bible rebutent le lecteur habitué aux lettres elassir ues Jar deux défauts : d`une iart _ l l l v leur style inculte et incorrect; de l’autre, l’obscurite du sens, due surtout ài l`l1abitude de transcrire littéralement les liébraismes au lieu de les traduire. C·’est ce double motif de défaveur qu`il espere dissiper, comme le promet Fépigraphe du livre 2 Viclcbis, Lector, Mosem, mme clcmum, et (aline loqucn- tem et ctpcrte. Il précise tres hardiment sa méthode et répond non sans vivacité aux critiques qn'il entend d’avance’ : J’ai entrepris de faire parler Moïse en latin comme il aurait parlé s’il s`était exprimé en cette langue, c’est-a-dire avec autant de facilité et d’élegance qu’il en a en hébreu .... Il se trouvera des gens pour blâmer ce travail 1 « L’ancienne version, la bonne vieille version me plaisait mieux, dira-t-on. -— Reste-lui ûdèle, mais sache qu’il se fait tous les jours des progres. -— Ce que tu as tenté la, bien dautres l`ont fait avant toi. —— Compare leurs versions avec la mienne, et tu jugeras dela difference. Soit dit sans olfenser personne. 4 — Après tout, ce n’est pas dans l’élégance_ du langage que réside la piété. — Ce n’est pas non plus dans la barbarie. —— Mais cette barbarie même me plaît. — J`ècris pour ceux it qui ne déplaît pas l’élégance. _ —- .l'aime la majesté de ees lièbraîsmes, leur antiquité vénérable. —— Alors lis l'hebreu. — Je n’aime pas le fard. — Moi non plus, mais je n`aime pas davantage le défaut de soin. · — Je suis accoutumé à ces formes un peu incultes. — Soullre que d‘autres s’habituent a des formes plus cultivées. — Mais Moïse était begue. - Oui, de la langue: aussi avait-il recours a l'éloquence de son frère; mais non de la plume, car il n'y a rien de plus éloquent que ses écrits. n Cette derniere assertion va trouver sa démonstration dans une longue préface qui est une étude approfondie sur Moïse considéré comme écrivain. 1. Traduit du texte lutin de l`Epist0la mmeupatoria.