Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/409

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` opinion DE SÉBASTIEN rniiivx. 3911 tiques? Où trouve1·ait—on des bourreaux et du bois assez pour les brusler tous? >> _ A ne lire que ces extraits, on pourrait croire que Martin Bellie s’est tout simplement emparé de quelques phrases favorables ai sa these. Mais si l’on y regarde de plus pres, on s’apercoit que cette revendication de la tolérance chez Frank n’était pas accidentelle. Son chapitre ou « Paradoxe _ des hérétiques » se terminait par une dissertation en 16 pages in-folio, dont voici le titre littéralement traduit de l’alle- mand : « Qu`est—ce qu`un hérétique, et qui l’est? Peut—on ` légitimement mettre a mort un hérétique, le torturer et, en général, le frapper de peines corporelles? Jugement et sen- tence de l’Ecriture, des anciens et des nouveaux docteurs. En outre, quand ~a-t-on commencé it punir criminellement l’hérétique? >> ’ · On le voit, c’est déja, vingt ans d’avance, le plan même de la fcwmgo Bellii. On y trouve d’abo1‘d la définition du mot liœ7·cticus‘, puis une argumentation tres serrée partant de cette définition même : l’hérétique combat la parole de Dieu par elle-méme, l’esprit par la lettre, le sens vrai et profond par u11 sens apparent, qui y ressemble et qui peut séduire. Bien ne res- semble au hon grain en herbe comme l’ivraie en herbe. De la l’impossibilité de se débarrasser sommairement de l’ivraie en l’arrachant, de l’hérétique en le brûlant. C’est une lutte spirituelle a soutenir par des armes spirituelles : Les chrestiens sont nommez libres et francs, pour ce que leur alfaire ne procède de la violence ou contrainte, mais d`un franc instinct de l’Es- prit qui ouvre en eux la foy, leur enseigne, et enflamme leurs cœurs a charité. _ Comment donc l’Église doit—elle procéder a l’égard des héré- tiques? Pour toute réponse, —Frank énumère, comme s'il tra- cait le plan d’un livre it écrire, les témoignages qu’il suffira, pense-t—il, d’enregistrer : il indique d’abord les passages de 1. « llaereticus, den man ein Ketzer verteuscht, laut lgricchiseh ein sonderling, Eygen- sinner, oder Ausserwehler, der ihm ein eygnen sinn der Schritlt erwchlt und dnrnutf ulz nuif Gottes Sinn fusst. und hehnrrt, der in dcr Kirclien von der Gemeyn Gottcs mit Gluuben und Lelir sich ubsündert und ein cygne sondere Sec!. unricht. n I