Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/451

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Revision ns 1588.

miroir obscurement, mais alors nous ’ verrons face à‘faee : maintenant ie cognoy en partie : mais adonc ie . , recognoistroi selon qu’aussi i’ai este — reeognu. Or maintenant ees trois · ` choses demeurent, foy, esperanee, charité z mais la plus grande d’icel- ` les, est charité.

Sauf trois espressious preferables à cello de Castalion 2 « la charité n’est point envieuse », « la perfection » et « trois choses demeurent », le texte de 1o88 pourrait passer pour anterteur d—un quart de siècle à. Cas- talion. « Amour est patiente et débounaire >>, « dépendre son bien en aumônes » et « anéantir les choses enfantines >>, sont des tournures d’au- jourd’hui et l’emporteut·de beaucoup sur celles de 1588. Quant à l’énorme faute de syntaxe trois fois répétée par les reviseurs genevois :—« Quand je parlerais,... et que je n`aye... je suis », elle a été, jusqu’en 1669, l‘un des ornements de la Bible huguenote, qui en possédait une multitude de ce genre. C`est la revision parisienne du N. T. qui l‘a fait disparaître *. En somme donc, il est permis de le dire, le style de Castalion est tout ensemble plus bref, plus élégant et plus français. Le fondateur de la tolérance est si bien un moderne, que sa traduction ressemble parfois singulièrement à celle de M. Beuss, qui ne l’a pourtant pas lue 2.

1. Imprimee a Charenton par Ant. Cellier, en 1669, in-16. Le P. Le Long qui la croyait de 16’7t dit ai tort qu’elle fut entièrement supprimée. Elle avait pour auteurs Conrart et Daillé his, qui avaient notablement améliore le texte usuel en s`aidant de deux versions récentes sle N. T. du P. Amelotte (1666) et celui de Mons (l667). Ils eurent pour recom- pense la censure, que leur infligea le synode provincial tenu ai Charenton, sous la prési- dence de Lcsueur, au mois de mai 1669. Le rapport du commissaire Du Candnl s‘exprime ainsi (Arch., nat., TT., B21) : u Ayant été fait plainte a la compagnie que quelques ministres (IC SOI) COPITS S.éi.OitJHf. il]géI‘éS, et SIIIIS ûlllllllîl OI‘(lI‘C, (IO CC|l`I`lgCI` les Viûilx I\l0i.S et QUOIYIUES - paroles peu usitées de leur version francaise, et d`en faire une nouvelle édition, la coni- pagnic les jugea tres dignes de censure et ordonna des commissaires de chaque colloque pour examiner cet ouvrage, et défendit cependant a ceux de son corps de s’en servir, et ii l’impri1neur de le débiter au lieu de ses exercices, et pour empecher toute surprise, ordonna qu’au lieu de la préface ordinaire a ces livres sacrés, on niettroit un avis au lecteur pour l’avertir que c’étoit uu ouvrage d’un particulier sans approbation. »

2. A l’appui de cette assertion qui pourra surprendre, copions au hasard une demi·page de ces deux traductions écrites ai trois sieeles d’intervalle :

Ecclésiastique, XIII.

Bible de JI. Reims. Bible de Custalion. Qui touche ai la poix se souille. Qui touche la poix, se souille : Qui fraie avec l’insolent lui devient sem- e qui a accointance auec vn orgueilleux blable. lui devient semblable. Ne te charge pas d’un fardeau trop lourd Ne charge point vn fardeau trop pesant p0ll\‘ toi, pOtII‘ toi, et ne fraie pas avec un plus fort` ct plus e ne tiaecointe point d’un plus puissant ou riche. plus riche que toi. Comment le pot de terre s‘associerait-il Quelle accointance doit avoir un pot de avec le chaudron ? terre avec un chaudron ? Celui-ci heurtera et l’autre sera brisé. Que s’il se heurte contre il se brisera. Si le riche fait mal il jette encore les Vu riche quand il a tort, encore me- hauts cris. . nace·il : Si le pauvre est maltraité, il fait ses excu- vn pauvre quand ou lui a fait tort., encore ses. faut-il qu’il criemerci. .