Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recueil de Bucolicorum auctores XXXVIII dont nous avons déjà parlé, paraît une pièce curieuse de Girinet qui était inédite et qui le serait restée jusqu’a nos jours[1], si Castellion ne l'avait signalée à son patron et ami Oporin comme un morceau digne de représenter dans ce recueil international, avec Jean Raynier et Gilbert Ducher, la muse lyonnaise. C’est une gaie et vive description d’une fête lyonnaise en l’honneur du roi de la basoche ou plutôt du roi des ouvriers (De Petri Gauterii in pragmaticorum lugdunensium principem electione). Il y a des détails amusants, de l’entrain, de la verve. On y voit Maurice Sève, âme de la fête comme toujours et comme partout :


Cunctorum lepidis implet Mauritius aures
Dictis Scæva potens blando sermone sacerque
Vates ....

Un écho de la bruyante gaieté populaire perce même à travers les lourds hexamètres. Pas plus que les Argentier, ce Philibert Girinet ne suivit son compagnon d’études dans la Réforme : nous le retrouvons plus tard trésorier de · l’église Saint-Etienne a Lyon. Son principal titre de notoriété est d’avoir été l’oncle et le bienfaiteur de l’historien Papire Masson.

Un autre latiniste, que Castellion a rencontré d’abord dans le cercle de Gilbert Ducher, ensuite au collège de la Trinité, c’est l’Écossais Florent Wilson (Florentius Volusanus ou Volusenus). C’est un de ces hommes pour qui notre jeune précepteur devait se prendre d’une sympathie toute particuliere; aussi ne serons-nous pas surpris de le voir, bien des années aprés, publier une poésie latine de Florent Wilson avec les siennes propres[2]. Esprit sérieux et doux, grave et tendre dans sa piété, avec quelque chose d’original dans le

  1. Le Père Colonia « ayant heureusement déterré » le manuscrit qui lui paraît « unique » de ce petit ouvrage, en donna des fragments qu'il croyait inédits dans son Histoire littéraire de la ville de Lyon, in-4, 1730, p. 576. —— M. Breghot du Lut ii son tour a publié la pièce in extenso en l’accompagnant d’une traduction française et de notes, d’abord dans les notes du tome III des Lettres de saint Jérôme (trad. Grégoire et Collombet), ensuite en brochure (Lyon, Périsse, 1838, in-8, 28 pages). C’est la reproduction exacte du texte déjà imprimé par Oporin, qui avait échappé à ces deux érudits.
  2. Ode de Tranquillitate animi, reimprimée dans les Pii graves atque elegantes poetæ antiquitatis. Basileæ, Oporin, in-8.