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LA PAUVRETÉ


Il faut bien prendre garde de se laisser persuader que tout homme qui est pauvre l’est certainement par sa faute.

Ceux qui parlent ainsi ont peu d’expérience et encore moins d’imagination ; souvent ils se sont formé cette opinion d’après l’observation superficielle de ce qui se passe autour d’eux dans un cercle peu étendu. S’ils avaient habité quelque centre de population important, ou exercé les fonctions de commissaire de charité, ils penseraient et parleraient tout autrement.

Les causes de la pauvreté sont très nombreuses, très variées, et la plupart d’entre nous ont connu et connaissent encore des personnes réduites à la plus extrême misère sans qu’elles aient à se faire le moindre reproche.

Soupçonner un homme ou une femme, privés de toute ressource, d’avoir été conduits là par paresse ou par vice, c’est bientôt fait ; affirmer que tout individu qui veut travailler le peut, et que quiconque a du travail peut suffire à ses besoins, et même économiser, c’est bientôt dit. Mais, outre qu’on est dans l’erreur, on s’expose à détruire en soi le vrai sentiment de la charité et à l’affaiblir chez les autres.


LE VRAI BONHEUR


S’il fallait choisir entre le sort de l’homme qui, sans aucun mérite, aurait tout obtenu de la fortune, et la condition de celui qui, sans rien obtenir, aurait tout mérité, il vaudrait beaucoup mieux être malheureux comme celui-ci qu’heureux comme celui-là, le vrai bonheur étant impossible là où manquent la dignité, l’élévation morale, l’estime de soi-même.

Chs WADDINGTON.