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L’Intrigue arrogante, constate Paul Adam ;

Le Toupet, décrète André Lichtenberger ;

La Misanthropie, glisse discrètement André Beaunier ;

L’Égoïsme inconscient, conclut le Bonhomme Chrysale.

Jamais, bien entendu, aucune de ces « qualités » n’a permis de rencontrer ne fût-ce que l’ombre du bonheur. Mais ce sont les moyens par quoi quelques arrivistes d’aujourd’hui essaient d’y atteindre.

La violence de leurs appétits ; la férocité avec laquelle ils montent à l’assaut ; l’âpreté qu’ils mettent à disputer une miette de gloire, un bout de faveur et quoi que ce soit appartenant au voisin, les jettent dans cette erreur extravagante de croire qu’au bout de la conquête, même déloyale, surgit le bonheur : cela, c’est à faire pitié…

Le bonheur, vrai, tendre, intime, repose sur l’estime de soi, sur la confiance dans ses amis, sur une sorte de discipline morale très forte, et sur l’amour instinctif des autres. Il est quelque chose comme une santé de l’âme…, et je ne l’imagine point sans courage, sans une sérénité bienveillante, sans cette activité toujours en éveil qui va joyeusement plus haut, plus avant, si rude que soit la montée.

Ce n’est pas en obéissant à son égoïsme, à son amour-propre, qu’on grimpe aux sommets charmants du Bonheur. Le grand but, c’est la joie qu’on donne, et, par un juste retour, il vous revient la meilleure part des biens jetés si largement…

Comme l’écrivait Gustave Le Bon, les sentiments sont la base de l’existence. Le jour où le dévouement, la pitié, l’amour et les illusions qui nous mènent seraient remplacés par la froide raison, tous les ressorts de l’activité se trouveraient brisés. Il n’y aurait plus de bonheur.

Et c’est parce que le bonheur est surtout une