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— Chut ! fit celui-ci. Je ne sais si le Jaguar est là ; il ne connaît pas ce chemin, et je compte sur l’épouvante que nous lui causerons.

Robert et son guide suivirent une fissure dans les rochers et durent, à un certain endroit, se coucher à plat ventre. Tout à coup ils aperçurent une lueur qui les fit comprendre qu’ils approchaient. Redoublant de prudence, ils arrivèrent enfin dans une excavation assez richement ornée : c’était là que le Jaguar réunissait le profit de ses vols, afin de le mettre à l’abri de la cupidité de ses compagnons. À l’aspect de l’ours, une indienne se mit à pousser des cris affreux, et une jeune fille qui lisait dans un coin, s’évanouit de peur.

À ces cris un sauvage accourut. C’était le Jaguar. D’abord terrifié, il voulut ensuite se défendre ; mais l’ours l’enserra dans ses énormes pattes avec une telle force, que Robert put facilement, en le ligotant, le mettre hors d’état de nuire. Quand il fut en tout semblable à un paquet on le déposa sur le sol.

— Maintenant, dit Cœur-Vaillant sans chercher à contrefaire sa voix, attachez aussi la squaw, afin qu’elle ne délivre pas son mari, puis prenons cette jeune fille et partons. Cette fois nous pouvons passer par la porte.

Le Jaguar écumait de rage impuissante. Sans plus s’en occuper, Cœur-Vaillant se débarrassa de sa peau d’emprunt et peu de temps après la jeune fille reprenait ses sens au fond du canot.

L’histoire dit qu’elle devint peu de temps après Mme Robert de Morville.


La paresse est une rouille qui détruit toutes les vertus.

Dupont de Nemours.