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LA RUINE

cher des appuis et enfin il se tourne vers l’ancien principe d’autorité qu’il aurait dû remplacer, pour se décharger sur lui de sa responsabilité. L’Assemblée nationale, élue en 1848 par le suffrage universel, est composée par moitié de partisans des anciens régimes monarchiques, l’autre moitié se partage entre une grosse majorité de républicains improvisés et une petite minorité de républicains sincères et fervents. Sa volonté est si confuse et incertaine, sa confiance dans son autorité si faible, son action si peu énergique, qu’un grand désordre envahit toute la France. La révolution se trouve bientôt en face de ce problème paradoxal : le suffrage universel, qui pourtant est le souverain, a-t-il le droit d’abdiquer son autorité suprême en faveur des anciens régimes ? Peut-on ou doit-on lui faire violence pour l’obliger à gouverner malgré ses reluctances ? Dans les sanglantes journées de Juin, l’aile extrême du parti républicain se