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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

aboutit. Pour le moment, nous nous bornerons à observer que la transformation de l’empire en une monarchie asiatique et la divinisation du souverain, tentée par Aurélien et reprise par Dioclétien, étaient les seuls moyens auxquels pût alors recourir l’État pour rétablir, dans le chaos où il se débattait, un principe de légitimité pouvant remplacer l’autorité du Sénat. Toutes les conditions de succès semblaient alors exister. Les traditions gréco-romaines étaient trop affaiblies pour pouvoir opposer une plus longue résistance. La reconstitution d’un gouvernement qui ne disposât pas seulement de la force mais aussi d’une autorité morale s’imposait à l’Empire, comme une question de vie ou de mort. Il n’y avait pas, dans tout le monde civilisé, alors connu par les Grecs et par les Romains, d’autre principe d’autorité qui pût être adopté par l’Empire croulant. Le long duel entre l’Asie et la Grèce, entre l’Asie et Rome semblait