Page:Feugère - Érasme, étude sur sa vie et ses ouvrages.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ix
préface.

lui tenir compte de celles qu’il avait corrigées. Les Colloques eux-mêmes, sous la main prudente de Nicolas Mercier, prennent l’air honnête d’un livre élémentaire, dans lequel les enfants commencent à épeler le latin.

Ce fut seulement au milieu du dix-huitième siècle qu’Érasme rencontra pour la première fois un biographe attentif. L’ouvrage de M. de Burigny, d’une érudition solide et exacte, mérite les éloges que lui a donnés un juge délicat. « J’ai lu ce livre bien des fois, écrit M. de Sacy, je le relirai encore. M. de Burigny y met du sien le moins possible ; c’est un écrivain tout uni. Il a étudié à fond les ouvrages d’Érasme ; il les analyse avec soin et ne manque pas de noter scrupuleusement les circonstances de leur publication, l’effet qu’ils produisirent en paraissant, les compliments ou les persécutions qu’ils attirèrent à leur auteur. Quand on a lu cette vie, on connaît Érasme, on l’aime : on se sent monter au cœur je ne sais quelle chaleur qui sort de l’ensemble même de l’ouvrage ; on quitte le livre avec un amour plus vif pour les lettres, une plus tendre reconnaissance pour ceux qui les ont fait renaître dans notre monde moderne[1]. » Mais la sérieuse estime due au travail de M. de Burigny laisse place à bien des réserves, que la bienveillance de M. de Sacy permet d’entrevoir. Le défaut le plus sensible est dans l’absence trop complète d’une critique personnelle. M. de Burigny rassemble les jugements d’autrui, mais

  1. Variétés littéraires, morales et historiques, t. ii, p. 558.