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FIN DU QUINZIÈME SIÈCLE.

bre[1], il écrivait à Fauste Andrelin de se préparer à les louer d’autant plus qu’ils le méritaient moins. L’ouvrage imprimé à Paris chez Jean Philippe parut à la Trinité de l’an 1500. Mais Érasme augmenta tellement les éditions suivantes, publiées à Strasbourg et à Venise, que la première paraît le cadre du livre plutôt que le livre même[2]. Ce précieux recueil est donc une œuvre composée de trop de couches, si l’on peut dire, superposées, pour qu’on y cherche avec fruit des indications propres à l’époque présente de la vie d’Érasme. Il conviendra de l’étudier en vue d’un intérêt plus général. Le fond même de l’ouvrage nous permettra de connaître l’érudit chez Érasme ; les digressions dont il est rempli, le satirique et le moraliste.

Érasme avait trente-cinq ans à peine au moment où se fermait le XVe siècle. Dans les dernières années s’étaient passés de grands événements qui allaient modifier profondément l’état général de l’Europe. Par la conquête de Grenade, les chrétiens avaient ressaisi l’Espagne tout entière. Un monde nouveau avait été découvert par Christophe Colomb. Une paix favorable au recueillement de l’étude régnait en Allemagne. L’unité de la monarchie française s’achevait par la réunion de la Bretagne à la couronne, et les guerres de Charles VIII allaient disperser sur les nations cisalpines les arts de l’Italie. Les temps modernes se levaient sur tous les horizons. Mais ces faits de l’ordre social et politique

  1. Ép. 71.
  2. Les Aldes les imprimèrent en 1508 et en 1520. Mais le succès de l’ouvrage fut bien plus considérable en Allemagne qu’en Italie. Mathieu Schurer le réimprima onze fois de 1509 à 1520, et Froben dix fois de 1513 à 1539, sans compter sept ou huit éditions imprimées ailleurs. V. Didot, Essai sur la typographie, p. 645.