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MARIE STUART.

Mais reportons nos yeux aux jours où Marie Stuart animait les fêtes de sa présence et recueillait l’admiration d’une foule enthousiaste. Ce temps fut court ; et presque aussitôt dans cette destinée tragique, les nuages s’amoncelant, l’avenir s’assombrit. Dès l’instant où son époux, François II, eut rendu le dernier soupir, elle sembla entrevoir qu’il n’y aurait plus pour elle ici-bas de paix ni de bonheur. Entendons ses plaintes touchantes :


Fut-il un tel malheur
De dure destinée,
Ni si triste douleur
De dame infortunée,
Qui mon cœur et mon œil
Vois en bière et cercueil ;

Qui en mon doux printemps
Et fleur de ma jeunesse,
Toutes les peines sens
D’une extrême tristesse ;
Et en rien n’ai plaisir
Qu’en regret et désir ?

Soit en quelque séjour
Ou en bois ou en prée,
Soit à l’aube du jour
Ou bien sur la vesprée,
Sans cesse mon cœur sent
Le regret d’un absent.

Si je suis en repos,
Sommeillant sur ma couche,
J’ois qu’il me tient propos,
Je le sens qui me touche :