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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

commandements dont il s’acquitta avec beaucoup d’habileté et d’honneur, faisant, ce qui était trop rare pour les Français, pardonner sa domination en la rendant utile aux villes soumises. Ramener aux mêmes principes, aux mêmes affections, à des plans de conduite analogues et régis par l’ascendant moral d’une autorité commune, des populations si diverses de constitution, d’humeur, de goûts, ce n’était pas là pourtant une œuvre facile ; mais son application persévérante y réussit à merveille. Chose aussi singulière que vraie : l’étranger le trouva plus clément qu’il ne le devait être dans la suite pour les Français. Déjà dans le royaume de Naples, lors de la conquête momentanée de ce pays, en 1527, une petite part des dépouilles lui était justement échue. On lui avait attribué un bien confisqué sur l’ennemi ; mais il ne le garda pas plus longtemps que cette proie, aussi fugitive que convoitée de nos rois, ne resta sous leur dépendance. Plus tard il fut appelé dans le Piémont et chargé du gouvernement d’Albe et de Montcalier. Ce fut même la première faveur qu’il reçut, avec le grade de maréchal de camp, du roi Henri II, à peine monté sur le trône, et qui montra toujours pour lui les sentiments les plus favorables. Le séjour de l’Italie plaisait à Montluc, et ajuste titre. L’aspect de cette terre où dorment tant de héros parlait à son âme, comme on l’a vu, et semblait, en l’élevant, lui suggérer de bonnes et salutaires inspirations. Il ne se dissimulait pas d’ailleurs à qui il avait à faire, jugeant que chez les Italiens modernes « il y avait trop de délices et voluptés pour produire grand