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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

fut promis la première compagnie de gendarmes qui vaquerait ; et s’il n’eut pas la première ni même la seconde, il eut du moins la troisième. D’après la liste de ces bienfaits, on comprendra mieux encore les regrets que Montluc donne à la mort de ce bon prince.

Les témoignages de l’estime publique ne lui furent pas moins prodigués ; et Montluc n’a pu s’empêcher de les énumérer avec quelque complaisance. Le pape le reçut avec toute espèce de déférence et le combla de félicitations ; il put jouir en outre de cette notoriété non moins flatteuse que la multitude décerne à ceux dont les noms ou les actes l’ont frappée. Quand il allait par les rues de Rome et au château Saint-Ange, « tout le monde courait aux fenêtres et sur les portes pour voir celui qui avait si longuement défendu Sienne. » Et son souvenir ne devait pas périr dans la capitale du monde chrétien, puisqu’y étant retourné de longues années après, il put s’applaudir encore d’être l’objet du même empressement. Son passage par les autres villes d’Italie fut accompagné de semblables démonstrations ; ce qui lui fit oublier qu’il était sans ressources pour se rendre dans son pays ; mais, peu soucieux de l’avenir, au milieu de ces témoignages d’honneur, « il lui semblait qu’il était plus riche que seigneur de France. »

Le maréchal de Strozzi s’empressa d’ailleurs de mettre à sa disposition une galère pour le ramener dans sa patrie, où son retour ne fut pas moins une suite de triomphes. Mais il suffit de rappeler la manière dont il fut accueilli par le roi, dont les largesses