Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/275

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HOMÉNIDÈS, arrivé à la fenêtre au moment où l’autre la franchit et ne pouvant réprimer un mouvement de frayeur.

Ah ! le malhoreux !… Il va se touer. (Regardant.) Non !… il n’a rien ! Oh !… yo lo tuerai ! (Ces deux exclamations doivent s’opposer immédiatement et pour ainsi dire sans transition. Après quoi gagnant à droite.) Oh oui, yo lo touerai !… (Écartant son col avec le doigt comme un homme qui a le sang à la gorge.) Ah ! y ai soif. (Il aperçoit sur la table de droite le verre laissé à moitié plein par Chandebise.) Ah ! (Il se précipite vers lui et le porte avidement à ses lèvres. Il n’a pas plutôt la gorgée dans sa bouche que ne sachant où la rejeter, après avoir reposé le verre en hâte sur la table, il se précipite vers la fenêtre et crache dehors tout ce qu’il a dans la bouche. Avec dégoût.) Ah ! pouah !… (Comme s’il en appelait au ciel.) Mais qu’il boit donc des saletés dans cette maisson !… huah !… À ce moment il se trouve juste au-dessus de l’écritoire laissé ouvert par Finache. (Humant l’air.) Quel il sent ici ?… Lé parfoume dé la lettre !… le parfoume dé ma femme !… (Prenant une des feuilles de papier qui est précisément celle laissée par Lucienne au premier acte.) Ah ! lé papier !… lé papier qu’il est lé même !… Ah ! et l’écritoure… l’écritoure dé ma femme !… (Lisant.) « Mossieur ! yo vouss ai vou l’autre soir à l’ Palais-Royal. » Eh ! si ! C’est lé double dé la lettre al marito… qué yo l’ai dans ma poche… (Tout en parlant il a tiré l’autre lettre de sa poche et compare.) Perqué ?… perqué ici ? dans la papétérie del madame Chandebisse ?… Oh ! yo veux savoir ! Yo saurai !… (Se précipitant vers la porte fond gauche et avec force coups de poings.) Ouvrez ! Ouvrez !