Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/77

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Paginet, voyant entrer Madame Paginet et Plumarel chargés de bottes de roses. — Ah ! mais vous avez dévalisé le marché aux fleurs ! (Embrassant Madame Paginet.) Bonjour, ma chérie !

Simone. — Bonjour, ma tante !

Madame Paginet, indiquant les fleurs. — C’est encore une gracieuseté de monsieur Plumarel !

Simone, bas à Dardillon. — Hein ?… Qu’est-ce que je vous disais ?

Paginet. — Ce cher Plumarel !

Plumarel. — Je ne vous serre pas la main parce que j’ai les miennes prises !…

Paginet. — Tenez !… mon petit Plumarel…. suivez Joseph et portez ces fleurs dans l’office.

Plumarel. — Oui !… Je reviens. (Il sort par la gauche avec Joseph.)

Madame Paginet. — Ah ! quelle séance à l’orphelinat !

Paginet, présentant madame Paginet à monsieur Dardillon. — Madame Paginet, ma femme, présidente de l’orphelinat des enfants naturels…

Dardillon, tout en s’inclinant. — Madame, une bien belle œuvre !…

Paginet, le présentant. — Monsieur Dardillon. Je n’ai pas besoin d’en dire davantage.

Madame Paginet. — Monsieur !

Paginet. — Tu as lu dans les journaux, n’est-ce pas ?

Madame Paginet. — Non ! quoi ?

Paginet. — C’est monsieur qui a fait à Pasteur cette réponse désormais célèbre : "Je ne croirai aux microbes que quand je les aurai vus à l’œil nu !"

Madame Paginet. — Ah ! je ne savais pas.

Paginet. — Alors, qu’est-ce que tu lis dans les journaux ? Eh bien, c’est lui !

Madame Paginet. — Ah !

Paginet. — Et il veut bien m’aider de ses lumières en entrant ici comme préparateur.

Madame Paginet. — Je suis enchantée, monsieur !

Paginet. — Ah ! ça me fait plaisir de te voir ; sans reproches, voilà trois jours que je ne t’ai pas aperçue.

Madame Paginet. — C’est de ta faute !… Hier, je suis restée toute la journée ici ! Si tu n’avais pas été au lac Saint-Fargeau…

Paginet. — Qu’est-ce que tu veux ?… J’ai des malades là-bas. Il m’en est même arrivé une bien bonne.

Tous. — Quoi donc ?

Paginet. — Comme d’habitude, j’ai dîné là-bas au restaurant du lac. Il y avait un grand banquet réactionnaire. (À madame Paginet.) Et sais-tu qui le présidait ? Picardon !

Madame Paginet. — Picardon ?

Paginet. — Oui. Quand il m’a vu, il m’a dit : "Vous allez venir prendre le café avec nous." Il n’y a pas eu moyen de refuser. Cela était tout ce qu’il y. a de plus amusant.

Madame Paginet. — Vous avez fait de l’opposition ?

Paginet. — Je ne sais pas si on a fait de l’opposition. On n’a fait que parler de femmes !

Madame Paginet. — Monsieur Paginet, vous êtes un petit polisson.

Plumarel, entrant de gauche. — Ah ! au moins, je peux vous serrer la main à présent. (À Simone.) Ah ! mademoiselle Simone, mais je ne vous avais pas vue !

Simone. — Il n’y a pas de mal !