Page:Feydeau - Un fil à la patte, 1903.djvu/120

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La Baronne.

Il y avait beaucoup de demandes ?

Viviane.

Tu y es ! Alors je me disais : « Voilà comme j’aimerais un mari ! », parce qu’un mari comme ça, c’est flatteur ! ça devient comme une espèce de légion d’honneur ! Et l’on est doublement fier de l’obtenir : d’abord pour la distinction dont on est l’objet, et puis… parce que ça fait rager les autres !…

La Baronne.

Mais c’est de la vanité, ça ! ce n’est pas de l’amour !…

Viviane

Je te demande pardon, c’est ça, l’amour ! C’est quand on peut se dire : « Ah ! ah ! cet homme-là, vous auriez bien voulu l’avoir… Eh bien ! c’est moi qui l’ai, et vous ne l’aurez pas ! » (Avec une petite révérence.) C’est pas autre chose, l’amour !

La Baronne, descendant un peu.

Qu’est-ce que tu veux, tu me déconcertes !

Viviane, la rejoignant par derrière, et comme une enfant câline, la tête par-dessus l’épaule de sa mère, l’enserrant de ses deux bras.

Non, vois-tu, maman, tu es encore trop jeune pour comprendre ça !…

La Baronne, riant.

Il faut croire ! (Elle l’embrasse.)