Page:Feydeau - Un fil à la patte, 1903.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Antonio

Bueno ! (Il sort.)

Le Général, à Lucette, reprenant brusquement sur le ton de la passion.

Vous m’avez « souchouqué » ; aussi tout ce qu’il est à moi est à vouss ! Ma vie, mon argent, chusqu’au dollar la dernière, chusqu’à la missère que yo l’aimerais encore porqu’elle venirait de vouss !

Lucette, hochant la tête, pleine de doutes.

La misère ! on voit bien que vous ne savez pas ce que c’est !

Le Général, descendant à droite.

Oh ! pardone ! yo le sais ! yo l’ai pas tuchurs été riche. Avant que yo le sois entré dans l’armée… comme chénéral ! yo l’avais pas de l’archent, quand yo l’étais professor modique et que yo l’ai dû pour vivre aller dans les familles… où yo donnais des léçouns de francess.

Lucette, retenant son envie de rire.

De français ? Vous le parliez donc ?

Le Général, bien naïvement.

Yo vais vous dire ; dans moun pays, yo le parlais bienn ; ici, yo no sais porqué, yo le parlé mal.

Lucette, riant.

Ah ! c’est ça ! asseyez-vous donc !