Page:Feydeau Occupe toi d Amelie.djvu/362

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LE PRINCE, retournant les manches de la robe tout en parlant.

Bravo ! je trouve ça très drôle ! Ce logeur… qui n’a pas de liste civile et qui trouve ce moyen !… J’adore les farces ; aussi j’ai été heureux de commander le Général de service.

AMÉLIE, laissant tomber sa robe à terre.

Oh ! qu’ ça été aimable ! On a été très flatté.

LE PRINCE.

Oui ? (Voyant la robe qui, à terre, forme un cercle autour des pieds d’Amélie, d’une voix bourrue.) Sortez de là-dedans ! (Amélie enjambe la robe et passe à gauche. Le prince, tout en ramassant la robe et la déposant sur le coin du canapé.) Et il a été bien, oui ?

AMÉLIE.

Qui ?

LE PRINCE.

Le Général ?

AMÉLIE.

Ah !… Oh ! combien !

LE PRINCE, tout en arrangeant la robe sur le canapé.

Ça ne m’étonne point ! il est très décoratif ! Je ne sais pas ce qu’il donnerait à la guerre ?… mais dans un cortège… ! (Se retournant et apercevant Amélie en déshabillé, le dos à demi tourné de son côté, et les mains croisées pudiquement sur sa poitrine, — en extase.) Ah ! sainte Icône ! la Madone ! (Les mains derrière le dos, il s’avance à pas de loup jusqu’à Amélie et, se penchant sur elle, l’embrasse dans le cou.) Ah !