Page:Feydeau Occupe toi d Amelie.djvu/71

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POCHET, entre piano et baie, s’inclinant, l’air décontenancé.

Madame !

IRÈNE, de sa place, lorgnant Pochet avec son face-à-main.

Ah ! parfaitement ! Je remets très bien.

AMÉLIE.

Tu ne reconnais pas madame ? (Geste vague de Pochet.) Madame de Prémilly !

POCHET, changeant complètement de ton et les deux mains croisées derrière le dos sous les pans de sa redingote, gagnant, avec force petits saluts, vers Irène.

Oh ! par exemple ! Mais je crois bien !

IRÈNE.

Vous veniez souvent chez moi voir votre fille… Vous rappelez-vous ? Vous étiez alors gardien de la paix.

POCHET.

Oui, euh… enfin, brigadier !… Si je me rappelle ! Ah ! ben, je crois bien ! Ah ! ben !… Ah ! ben !… Et… ça va bien ?

Il tend la main à Irène.
IRÈNE, qui évite de voir ce jeu de scène, en affectant d’être plongée dans l’examen de son face-à-main.

Merci ! très bien.

POCHET, voyant qu’Irène ne lui donne pas la main, reste un instant coi, regarde sa main comme ne sachant qu’en faire, jette un coup d’œil du côté d’Amélie et Étienne, puis, remettant sa main dans sa poche, — tout ce qu’il y a de plus aimable.

Eh bien, j’espère que madame a vieilli ! À la bonne heure !