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AUTOUR D’UN CANDIDAT

préciable qu’allait lui rapporter cette invitation et elle montrait une ardeur nouvelle à commander son mari et ses enfants.

Elle se hâta de faire des emplettes de vêtements de campagne, traînant à sa suite la pauvre Louise qui s’effarait devant les jolies robes que sa mère lui achetait :

— Tu comprends, nous allons dans un château, chez les de Fèvres qui sont très riches… Tu pourras peut-être trouver à te marier… Je ne veux rien négliger pour ton avenir…

— Mais ces robes sont trop belles… Jeanne est mise si simplement…

— Jeanne est une religieuse parmi le monde… Toi, c’est autre chose…

Louise ne répliqua plus. Elle savait que sa mère avait toujours raison. Si Mme Lavaut se reconnaissait des torts, elle ne les avouait jamais, et elle feignait un évanouissement afin qu’on ne lui en parlât pas.

Louise ne voulut pas, dans le magasin, tenter cette épreuve.

Chez Mme Lydin, le bonheur fut identique. La veuve se débattait dans les affres d’une décision à prendre en vue des vacances, et cette invitation inespérée la transporta dans une joie rarement ressentie. Elle appela sa fille Isabelle et lui lut cette bienheureuse lettre avec volubilité.

Isabelle, qui était une jolie jeune fille, rit gaiement à cette nouvelle et félicita sa maman.

— Je suis sûre que c’est Jeanne qui a pensé à nous… Je la trouve si bonne, si zélée pour faire plaisir…

— N’exagère pas… Je n’aime pas cette tendance… Jeanne est bonne, c’est certain, mais