Justine était indignée :
— Ce n’est pas permis d’être aussi mal élevée que vous, mam’zelle Suzette…
— Mal élevée !… riposta Suzette, je n’ai rien dit de mal, c’est la vérité…
— On ne dit pas la vérité, dans ces cas-là, on se tait, et on se contente de ce qu’on vous offre…
— Je suis très contente…
— Moi aussi, renchérit Bob, qui croquait son deuxième bonbon avec une satisfaction évidente.
— Vous n’aurez pas de crème !… menaça Justine, furieuse.
— Oh ! bien alors, répliqua Suzette, je vais demander un autre bonbon pour le manger au dessert.
Le magasin étant plein de monde, cette réponse eut un succès considérable. Justine elle-même fut désarmée, et ce fut au milieu des rires qu’elle sortit, Suzette et Bob la suivirent, se tenant fièrement par la main.
— Pourquoi qu’on rit quand tu parles ?… demanda Bob ?
— Papa m’a dit que c’était parce que j’ai un nez pointu… répondit Suzette.
Justine recommanda :
— Attention pour traverser la rue… Allons du côté de l’agent…
— Je sais, dit Suzette, il y a longtemps que je traverse les rues…