Page:Fiel - L'étonnante journée, 1932.djvu/38

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çon, pourvu qu’il ne fût pas trop laid, ni trop gros et qu’il eût des cheveux blonds.

La sérénité de la fillette croissait à mesure que son plan se précisait dans son imagination. Elle ne dirait rien à ces bavardes de Justine et de Sidonie, qui raconteraient tout de suite ce projet à ses parents. Or, il était essentiel qu’il y eût surprise. Non, il fallait procéder seule.

Suzette mangeait de fort bon appétit, tout à fait remise d’aplomb, par l’affaire qu’elle voulait entreprendre. Elle disparaîtrait de la maison sans qu’on la vît et, en route, à la recherche d’un petit frère.

— Ton poisson est fort bon, Justine ; tu peux m’en servir encore un peu…

— À la bonne heure ! ce n’est pas le chagrin qui vous coupe l’appétit au moins !

— Je n’ai pas à avoir de chagrin, puisque Bob est sans doute chez quelqu’un en train de déjeuner.

— Qu’est-ce qui vous fait croire cela ?

— Mais une dame a peut-être dit : Tiens, le beau petit garçon : veux-tu déjeuner avec mes bébés !

— Vous n’êtes tout de même pas ordinaire, mam’zelle Suzette ! lança Justine, le poing à la taille… mais cela me tourmente parce que Monsieur et Madame ne reviennent pas… Il est une heure !…

Suzette se hâtait. Elle voulait sortir très vite.