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Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/19

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une affaire d’heure. Celui qu’on ignorait comme un amoureux, peut devenir, en l’espace de quelques minutes, l’élu que l’on voit uniquement parmi la foule. Donc, si l’amour t’accable, je ne considérerai pas cet événement comme une douleur, mais comme une manière particulière de sentir…

Mme Fodeur sourit et dit légèrement :

— Tu dissèques, Bertranne…

— Pouah !… Éloigne de moi cette vision, mère…

— Je croyais, répliqua Christiane pour détourner une conversation qui la visait trop personnellement, que les médecins n’attachaient nul dégoût à ces souvenirs de métier ?

— C’est encore une affaire dé nervosité… Aujourd’hui, le temps est pur, il élève… Je rêve de fleurs parfumées et de bois odorants et non de cadavres bleus.

— Pourquoi as-tu choisi la médecine ? insista Christiane avec intérêt.

— Ne te l’ai-je pas souvent répété ? les chances m’y semblent plus grandes de gagner ma vie rapidement. Puis, c’est passionnant, à cause du mystère, tout est tellement imprévu dans ce métier. De plus, cette école constante de maîtrise de soi, est salutaire pour les nerfs. Alors qu’on voudrait crier de pitié, il faut sourire. Alors qu’on sourirait volontiers, il faut rester sérieux.

La voix de Bertranne baissa. Ses