Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa grande affection et elle rêvait de devenir, elle, en compensation, une jeune fille austère, passant ses jours à faire le bien.

Un moment, elle pensa à l’existence monacale, mais elle ne se sentit pas la vocation. Elle désirait surtout secourir les pauvres, sans être limitée dans ses préférences. La règle d’un couvent l’effrayait.

Madame Fodeur, la mère de Bertranne était une femme rigide d’aspect. Elle avait eu deux fils tués à la guerre et son visage paraissait encore pétrifié par cette atroce douleur. Elle ne pouvait plus rire et passait son temps à visiter les pauvres en les exhortant au courage et à la patience dont elle était un exemple vivant.

La grande raison de vivre de cette mère était sa fille qui luttait avec ses études de médecine. Ruinée, Mme Fodeur déplorait que son enfant dût travailler et une pointe d’envie lui venait contre Christiane. Elle jugeait que cette dernière avait trop et sa Bertranne pas assez. Cependant elle aimait l’amie de sa fille, mais n’accusait nulle sympathie pour sa mère.

Ce matin-là, Christiane Gendel se réveilla en de mauvaises dispositions. Elle avait attendu sa mère très tard, mais la mondaine n’était rentrée qu’au petit jour. Christiane l’avait vue excitée, décoiffée, les yeux brillants… Elle avait joué la comédie et ne tarissait pas sur le succès de cette soirée.