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Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/76

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Elle craignit de s’être montrée avide. La réponse de Christiane qui matérialisait le désir énoncé, la heurta désagréablement.

Elle fit entendre à la jeune fille qu’elle lui reprochait davantage de n’avoir pas eu la pensée de cette générosité, plutôt que de lui faire grief de la réalité.

Le remords de la jeune fille augmenta. Elle ne fut pas loin de croire qu’elle mettait obstacle au mariage de Bertranne par son manque de prévenance et son amie lui devint encore plus chère.

Elle se promit de l’aller voir, espérant racheter ce que sa conduite irréfléchie contenait de désobligeant à son égard.

Elle ne voulut pas différer cette visite d’autant plus qu’elle était pressée de partir pour les « Chaumes ».

Le mois de juin devenait chaud, et elle envisageait un séjour à la campagne, autant par goût que pour se soustraire à Robert Bartale.

Elle trouva Bertranne seule et fut heureuse de cette circonstance.

L’étudiante travaillait, Des livres couvraient sa table. Un beau rayon de soleil se jouait dessus. Du boulevard, montait le tumulte de la vie,

— C'est toi, Christiane.

Bertranne fut vite debout, au devant de son amie.

— C’est pour moi que tu viens, ou pour mère. Elle est sortie.

— Ta domestique me l’a dit… Est-ce que je te dérange beaucoup.

— Nullement… j’aime à te voir…

C’est la seule distraction que je me