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Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/87

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Cette nouvelle contraria Robert, mais cette impression ne dura pas. Il ne laissa pas sa carte, disant simplement qu’il reviendrait.

Il projetait d’aller aux Chaumes. Il pensa que sa conversation avec Christiane ne pourrait qu’y gagner. Dans la paix des champs, l’âme est plus propice à la douceur.

Le cœur de Bartale s’emplit de riantes perspectives et le temps s’écoula plus rapidement qu’il ne l’avait auguré.

Un matin, il prit le train pour la Champagne. Le soleil de juin brillait dans son compartiment, il était tour à tour radieux ou angoissé, mais toujours résolu. Son caractère était tenace et la difficulté le stimulait.

Il voulait avoir raison de Mlle Gendel et il se disait que rien ne pouvait l’empêcher d’arriver à ses fins. Elle l’ensorcelait.

Quand il fut dans le pays au sol blanc, il s’étonna de son aridité. Le dénuement de la plaine n’apparaissait pas aussi morne qu’en automne, cependant. Quelques champs mûrissants l’égayaient. Les sapins nains prenaient un air pimpant et le vent aigre devenait une brise qui déplaçait des parfums.

Le calme était complet. Dans une auberge pauvre que fréquentaient les rouliers, Robert prit un repas hâtif : une omelette aux œufs frais, des tranches de jambon, des fraises à la crème.

Ces mets lui semblèrent succulents, car il pensa que le soir, il dînerait en face de Christiane,