Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/96

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— Je ne voulais pas qu’il blâmât ma mère, je préférais rester solitaire avec ce… cette…

— Tu voudrais prononcer le mot honte, mais tu recules parce que tu sais qu’il est trop fort… C’est bien ce que je dis : orgueil. C’eût été beaucoup plus simple de l’épouser, de le rendre heureux, et de payer ton bonheur par quelque humiliation. Mais ta philanthropie t’a exaltée et tu as cru accomplir de grandes choses.

— Je ne visais pas à de grandes choses… Je n’avais en vue que la paix, le calme…

— Te révélerais-tu égoïste ?… Avoue que tout cela n’est pas normal ? Un homme est là qui t’aime, il fallait le lui rendre, puisqu’il voulait t’épouser. De quel droit enlèves-tu le bonheur à un être humain. Es-tu un juge ? Et cet homme, de quoi vit-il en ce moment ? De douleur par ta faute… C’est de la bonté, cela ?

— Tais-toi…

— Tu crois qu’un médecin est arrêté par les cris d’un patient ? Ah ! mon amie, soyons simples. Je tends à rester humaine, comme Dieu m’a faite, avec mes défauts. Je me contente de ne pas les accentuer, afin de ne pas trop lui déplaire.

— Tu t’exprimes avec une liberté…

— Tu oublies les libertés que tu prends ! Tu prives l’humanité de ta beauté, parce que les belles femmes sont créées pour le repos des yeux. Tu t’es permis, toi, simple mortelle, d’en soustraire une… Ton outrecuidance n’a pas de bornes. Et c’est ainsi que ceux qui veulent s’ef-