Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/42

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Ces mots entrèrent dans mon corps comme des flèches. Ils paraissaient me faire entendre que l’ennemi de papa se livrerait à des procédés cruels pour entraver sa carrière, et je frissonnais à cette perspective.

Je l’ai déjà dévoilé, j’aimais ma famille avec feu.

J’aurais voulu que le chemin fût uni devant mes parents, et, en apprenant que mon cher papa, si travailleur, si scrupuleux, était visé par cet homme si malhonnête, une terreur s’empara de moi.

Que faire ? Tous les sacrifices me paraissaient faciles et les héroïsmes simples. À tout prix, je voulais épargner à mon père le danger qui le menaçait dans les années finissantes de sa carrière.

Je le voyais de nouveau malade, succombant sous la haine d’un ennemi irréductible. Non, je ne supporterai pas cela ! De toutes mes forces, je repoussais ce tableau atroce. Je désirais pour mon cher père une fin de vie souriante, et non une lutte sournoise où son énergie s’userait.

Mon cœur battait si fort qu’il me semblait qu’une cloche s’agitait dans ma poitrine. J’en sentais tous les coups avec violence, et je ne savais pas comment je parvenais à ne pas tomber. Les larmes me montaient aux yeux, mais je me défendais de pleurer. Tous ces efforts augmentaient ma nervosité, qui se traduisit par un accent plus sec. Je répétai, comme une hallucinée :

— Vous savez que votre oncle a gâté sa cause en proposant à mon père une chose impossible ?