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prudence rocaleux

Et avec calme elle narra l’incroyable incident. Mme Dilaret manifesta une extrême surprise. Elle ne pouvait admettre une aventure semblable et se demandait quel était le mobile de cette extraordinaire voleuse.

Elle jugeait, elle aussi, que Prudence avait manqué de temps et de présence d’esprit pour lutter, et elle trouva que la voleuse avait procédé avec maestria.

— Alors, qu’est-ce que Madame pense de tout ça ?

— C’est extrêmement désagréable.

Mme Dilaret resta songeuse sans une parole de plus. Prudence penchait la tête comme une coupable et, bien qu’elle fouillât sa conscience, elle ne trouvait rien à se reprocher.

— Il y a des gens qui ne pensent qu’au mal, murmura-t-elle… Je n’avais que de bonnes pensées. J’aimais tout le monde et je ne croyais pas qu’une seule personne dans ce beau jardin pourrait me causer de la peine… Et voilà… Ah ! comme c’te mère criait ! J’ai sa voix dans mes oreilles, et elle y restera longtemps ! Je ne dormirai sûrement pas cette nuit… Quelle misère !

Mme Dilaret ne trouvait rien à dire.

Le père et le fils entrèrent, et Prudence annonça le dîner d’un accent lugubre.

Bien entendu, Mme Dilaret raconta ce qui était survenu, et, si le juge resta impassible, il n’en ressentait pas moins une vive contrariété.

— Il est fâcheux que ce soit arrivé à Prudence qui ne me semble pas responsable. Je ne sais à quel rôle a obéi la voleuse ; sans doute aurons-nous la clé de ce mystère sous peu…

Jacques s’écria :

— Prudence… vous avez maintenant encore