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trop belle

l’air ahuri de la jeune fille, mais elle semblait anxieuse et agitée.

Un coup de timbre résonna.

Madame Bullot tressaillit, croisa ses mains et attendit. Cependant, elle dit très vite :

— Sylviane… vous serez bonne pour M. Daniel… il n’est pas beau… mais il a des qualités…

La jeune fille surprise, regarda sa vieille amie et elle riposta en riant :

— Serait-ce un mari que vous me destinez ?

— Juste Ciel !… vous allez voir si « c’est mariable ».

Monsieur Daniel entra.

Sylviane s’imaginait contempler un monstre, d’après les paroles de son amie, et elle fut déçue sur ce point : le secrétaire n’était que quelconque.

Il paraissait âgé d’une cinquantaine d’années, ainsi qu’en témoignait son visage ridé et ses cheveux poivre et sel. Une longue barbe plutôt grise que brune, mais qui semblait blanchie prématurément. Ses yeux étaient petits ou paraissaient tels à cause de l’abondance des sourcils fort noirs.

La bouche était complètement cachée par la moustache fournie. Le nez seul était bizarre ; alors que la peau s’accusait bistrée, il ressortait plus pâle… C’était évidemment une particularité.

L’aspect général n’était ni repoussant, ni séduisant. Le personnage se présentait bien et il vint droit à Madame Bullot devant qui il s’arrêta, incliné.

— Ah ! bonjour, Monsieur Daniel…

Sans transition, elle ajouta :

— Puisque nous nous sommes expliqués sur notre travail… nous n’avons qu’à le commencer… Sylviane… Je vous présente M. Daniel… Mademoiselle Foubry…

La jeune fille sourit et tendit la main au secrétaire par un geste spontané qui semblait dire : Ce n’est pas parce que je ne vous ai jamais rencontré dans le monde que je serai dédaigneuse…

M. Daniel plaça sa main dans celle qu’on lui tendait. Ce fut rapide et indifférent.

Des lettres furent dictées, examinées.