Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/28

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connaissant pas, ne pourraient lui donner la femme qui lui agréerait.

Le mieux est d’aller trouver sa mère.

Il songeait à la belle joie qu’elle aurait quand il lui confierait : Maman… cherche-moi une femme… je suis assagi… je rêve d’être un bon époux… un père de famille modèle…

Il se reporta vers ses jeunes sœurs toujours si enjouées dans le vieux manoir de l’Anjou, faisant des promenades avec leur père qui s’occupait de gérer leurs terres. Il se réjouissait de passer quelques mois dans la vieille demeure familiale.

En évoquant ces tableaux de douces joies qu’il allait provoquer, il se trouvait naïvement bon et tendre, ne se doutant nullement du parfait égoïsme qui le guidait.

La vie amusante de la capitale lui pesait. Le printemps à Paris le rendait mélancolique. Était-ce aussi parce que son estomac lui causait quelque inquiétude ? Toujours est-il qu’il éprouvait le besoin de se mettre au vert.

Avant de partir, il voulut remplir la promesse faite à un ami d’une heure, d’aller le voir en Seine-et-Oise où il était grand fermier.

Ce jeune homme Louis Dormont était un actif et franc garçon. Il avait rencontré Francis au hasard d’une fête.

Il se souvenait à peine de ce « vieil ami », mais son arrivée dans sa ferme l’envahit de joie.

On a beau être philosophe et gai, les soirées sont parfois lourdes à la campagne, malgré le labeur du jour qui pousse au sommeil.

Louis était donc ravi de voir un de ses pareils avec qui la conversation pourrait rouler sur autre chose que la culture.

— Quelle joyeuse surprise… mon vieux !

— Ce bon Dormont !… on se tutoie… hein ?

— Pour sûr !… nous avons bu dans la même coupe… te souviens-tu de ce soir de Concours Agricole ?

— Si je m’en souviens !… Tu me montreras le paon primé…

— Je l’ai vendu…