Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Saint-Wiff m’aurait-il jugée sur de telles puérilités ?

— Eh ! ma chère enfant, Luc a voulu jouer au psychologue, et il a été maladroit.

— Cela m’a peinée profondément.

— Nous n’en parlerons donc plus.

Sylviane fut soudain interdite par le silence de Madame Bullot. Il lui semblait qu’on venait de sceller son cœur.

Après quelques minutes où elle fit des efforts pour paraître enjouée, elle laissa la vieille dame, mais elle ressentait une crainte et une joie tout ensemble de se trouver en face de Luc. Cette rencontre se produisit.

Alors que Sylviane, l’après-midi, se trouvait avec sa mère dans le parc, Luc Saint-Wiff qui longeait une allée, s’approcha pour saluer la jeune fille.

Comme il ne connaissait pas encore Madame Foubry, elle fut tenue de le présenter :

— Un neveu, par affection, de Madame Bullot, un grand voyageur que l’on entrevoit entre deux explorations.

Madame Foubry fut tout de suite conquise par le grand air du jeune homme. Il effaçait les façons moyennes de Louis Dormont et de Francis Balor.

Une conversation s’amorça et Luc oublia le refus de la jeune fille pour l’admirer de nouveau. Il prît une chaise à ses côtés, mais adressa plus particulièrement la parole à Madame Foubry.

Peu d’instants après survinrent les deux amis et de nouvelles présentations furent faites. Les trois hommes se regardèrent avec méfiance, mais leurs paroles restèrent gracieuses.

Sylviane trouva insupportables les deux intrus. Elle n’était pas loin de les considérer comme des impertinents se prévalant d’une intimité qu’elle ne leur accordait pas. Eux, habitués à un certain abandon de la part de Madame Foubry, ne pouvaient pressentir qu’ils outrepassaient leurs droits.

Sylviane luttait pour paraître indifférente, mais