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Marthe Fiel

TROP BELLE…

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— Tu n’as pas l’air bien gaie… aujourd’hui… Sylviane, es-tu souffrante… mon enfant ?

— Mais pas du tout… maman…

Sylviane Foubry avait tressailli en entendant cette remarque de sa mère et elle essaya de rendre à son visage, l’expression souriante que ses parents aimaient à lui voir.

Son rôle devenait mélancolique.

Elle possédait une beauté remarquable qui attirait tous les regards.

Quand elle passait dans les rues, on se retournait pour la suivre des yeux, et quand elle se trouvait chez des amis, où des inconnus la rencontraient pour la première fois, ils ne se lassaient pas de la contempler.

Sylviane ne ressentait nul orgueil de ce don.

Elle était née ainsi, ayant toujours suscité l’admiration et elle jugeait que cette particularité lui nuisait plus qu’elle ne l’avantageait.

Cependant, elle constatait avec un peu d’étonnement que ses amies moins jolies qu’elle, se mariaient, alors que pour son propre compte, nulle demande en mariage ne rompait la suite monotone des jours.

Elle venait d’avoir vingt-six ans.

Son visage montrait un ovale impeccable et ses cheveux châtains, lourds et ondés, s’éclairaient des reflets de la châtaigne mûre. Ses yeux longs, immenses, étaient d’un brun un peu clair, et regardaient avec douceur. Sa bouche expressive, rouge et bien arquée, dénotait la bonté. Depuis quelque temps cependant, un léger air de dédain voltigeait parfois sur ses lèvres, mais elle en était inconsciente et restait généreuse, tendre et méconnue.