Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/76

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plutôt que de s’abstreindre à une besogne dont elle ne tirera aucun profit…

— Intelligente comme elle l’est… son travail ne pourra qu’être élevé… Puis le péril n’est pas en la demeure… tant que je serai là… ce n’est pas la peine qu’elle change de vie…

— Je crois qu’elle y tient…

— Cela ne peut que lui faire honneur…

Sylviane, elle, s’était fixé une limite : le mois d’Octobre. À ce moment, elle prendrait une détermination. Elle subissait les jours passivement, s’en remettant à Dieu pour le mystère de sa destinée.

Ayant envisagé un instant le mariage d’Annette avec Louis Dormont ou Francis Balor, pour créer un peu de mouvement et de bonheur autour d’elle, cette tentative lui semblait impossible devant l’attitude d’Annette qui se dérobait ouvertement à tout rapprochement de ce sens. Elle se moquait doucement des deux amis, les appelant Oreste et Pylade et leur disant qu’ils ne pourraient jamais se marier, ce qui les séparerait.

Madame Foubry voyait avec assez d’ennui que ses favoris de la première heure tournaient au ridicule, et elle prévoyait le moment où ils ne seraient plus mariables, car le ridicule est un défaut rédhibitoire aux yeux d’une femme.

Sylviane avait jugé cet état de choses depuis plus longtemps encore et elle se disait qu’elle ne consentirait jamais à un semblable mariage.

Quoique bonne et aimante, avec le désir de fonder un foyer, elle n’y sacrifierait pas une certaine dignité, elle l’avait d’ailleurs déjà prouvé.

Elle était convaincue que la Providence ne l’abandonnerait pas.

Elle était trop intelligente pour ne pas savoir que le bonheur ne pourrait être complet qu’avec un caractère répondant au sien. L’idéal s’en trouvait précisément sous les traits de Saint-Wiff.

Même élégance, sobre, même esprit observateur, mêmes principes religieux sans ostentation.

Bien souvent, Sylviane eût voulu pénétrer plus avant dans cette âme, mais les occasions de con-